Le retour sur l’erreur constitue le troisième facteur de réussite de l’apprentissage mis en évidence par les neurosciences cognitives. Ce dernier fait partie intégrante du retour sur expérience. Dans notre métier, on a plutôt tendance à parler de “feedback”.
Le feedback constitue un temps d’échanges essentiel à toute formation constructive. En effet, il permet aux apprenants de revenir sur ce qu’ils ont vécu, compris et retenu pendant le temps de jeu.
Aussi, le feedback octroie aux formateurs la possibilité d’apporter un complément d’informations s’ils l’estiment nécessaire et de répondre aux questions.
Comment tirer parti de ses erreurs ?
Apprendre, c’est se corriger lorsqu’une prédiction réalisée par notre cerveau diverge de la réalité.
Mais qu’est-ce qu’une prédiction ?
Il s’agit d’une hypothèse émise par notre cerveau à propos de ce qui l’entoure (l’état du monde, notre entourage). A force d’observations et d’expériences, notre cerveau affine progressivement ses prédictions.
Il faut savoir que le cerveau est un organe qui fonctionne par itérations, c’est-à-dire qu’il va répéter le même processus pour en tirer un apprentissage :
- Prédiction : le cerveau prédit une hypothèse sur le monde extérieur.
- Feedback : la réalité valide ou invalide cette hypothèse.
- Correction : le feedback permet au cerveau de corriger son hypothèse.
- Prédiction : le cerveau établit une nouvelle prédiction sur la base de son expérience.
Toutefois, diverses actions sont à prendre en compte pour qu’un apprenant bénéficie du plein potentiel de son apprentissage.
1. Le signal d’erreur
Dans notre précédent article sur l’engagement actif, on vous expliquait que la participation active permettait à notre cerveau d’établir des prédictions sur le monde extérieur. Autrement dit, déterminer à l’avance ce qu’il va se passer à la suite d’une action.
Mais que se passe-t-il lorsqu’il existe un décalage entre nos prédictions et la réalité ?
Le signal d’erreur est un signal endogène de notre cerveau qui se déclenche lorsqu’une prédiction ne se réalise pas. Grâce à lui, le cerveau prend conscience de son erreur et déclenche l’apprentissage.
2. Dédramatiser
Source de peur et d’anxiété, l’erreur est très souvent redoutée par les apprenants. En effet, elle a tendance à être perçue comme une sanction, une punition voire même quelque chose dont on devrait avoir honte. Toutefois, si d’aucuns considèrent la peur de l’échec comme un bon levier de motivation, le stress qui en découle s’avère être un véritable inhibiteur d’apprentissage car il génère un sentiment d’impuissance.
Il vaut mieux privilégier une motivation positive issue de l’encouragement et de la valorisation.
La ludopédagogie considère que l’erreur fait partie du processus naturel de tout apprentissage. C’est une action inévitable qui ne doit en aucun cas constituer un frein dans l’évolution des apprenants. Ainsi, on va davantage chercher à récompenser la réussite plutôt que de sanctionner l’échec.
3.Tester ses prédictions
Il convient de tester régulièrement ses prédictions afin de bénéficier de retours sur expérience explicites. Ces retours permettent aux apprenants de corriger ou d’affiner leurs prédictions et d’ajuster leur comportement futur.
L’avantage de l’expérimentation par le jeu est que l’on peut tester de nouvelles idées et apprendre de ses erreurs sans en subir les conséquences dans la réalité. Le jeu offre en effet un espace d’expérimentation sécurisé dans lequel l’erreur n’est absolument pas assimilée à une sanction mais bien à un acte indissociable de l’apprentissage.
Il est donc possible de tester une multitude d’hypothèses et d’en observer les effets sans aucune crainte : on essaie, on se trompe, on apprend et on recommence !
Qu’est-ce qu’un bon feedback ?
L’objectif d’un feedback est d’apporter un retour constructif à un ou plusieurs individus afin qu’ils puissent renforcer leurs points forts et corriger leurs points faibles. Pour cela, les objectifs de l’enseignement doivent être clairement définis.
Le jeu offre deux types de feedbacks distincts :
- Le feedback informel : il s’effectue pendant la partie de jeu. L’apprenant tire ses propres conclusions de l’action en cours. En outre, il bénéficie de retours immédiats non intentionnels dûs à ses échanges avec les autres participants.
- Le feedback intentionnel : il s’effectue à l’issue de la partie de jeu. Il s’agit d’un feedback externe effectué par un dispositif ou un autre individu. Il intervient dans le cadre d’un enseignement.
L’efficacité d’un feedback nécessite de la préparation et de la bienveillance. Aussi, les leçons apprises doivent soulever des actions concrètes pour l’avenir.
Rendez-vous le mois prochain pour le quatrième et dernier pilier de l’apprentissage, la consolidation.
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Sources
- 1.Bosc-Miné, C. Caractéristiques et fonctions des feed-back dans les apprentissages. LAnnee psychologique 114, 315–353 (2014).
- Syn Lab. Comment renforcer l’attention des élèves ? (2015).
- Syn Lab. Impliquer les élèves pour donner du sens aux apprentissages. (2015).
- Les apports de Stanislas Dehaene : les 4 piliers de l’apprentissage. Académie de Paris https://www.ac-paris.fr/portail/jcms/p1_1878713/les-apports-de-stanislas-dehaene-les-4-piliers-de-l-apprentissage.
- Dehaene, S. Les grands principes de l’apprentissage. 24.
- Les quatre piliers de l’apprentissage, ou ce que nous disent les neurosciences – Paris Innovation Review. http://parisinnovationreview.com/article/les-quatre-piliers-de-lapprentissage-stanislas-dehaene.
- bord, P. à. Qu’est-ce que les neurosciences cognitives ? Prim à bord https://primabord.eduscol.education.fr/qu-est-ce-que-les-neurosciences-cognitives (2021).
- Quels sont les quatre piliers de l’apprentissage ? Ressources Sgen-CFDT https://ressources.sgen-cfdt.fr/question/quatre-piliers-apprentissage/.